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08.06.2014

Qui viendra à ton secours

 

tu es né jeune et vaste et fier

dans l’incendie de tous tes nerfs

comme si tu n’avais plus de père

tes frères étaient de grands sauvages

armés de livres pour le carnage

tu brûlais de la même rage

mais qui viendra à ton secours

les fous sont-ils fous pour toujours

 

tu t’asilais à pleins poisons

à pleine perte de ton nom

à chiens hurlés de déraison

pour être à toi seul plus nombreux

que les cravates des messieurs

qui puent l’argent et sont heureux

mais qui viendra à ton secours

la vie aussi est un vautour

 

et tu as grandi vers le bas

une lézarde derrière toi

un boulet d’ombre au bout des bras

tu as cassé l’œuf attendu

vécu comme un mort dépendu

perdu le monde rien de plus

mais qui viendra à ton secours

le temps qu’il te reste est bien court

 

il faudra blanchir le palais

la nuit n’est plus ce qu’elle était

quand elle était ton plus beau jouet

et si le jour est l’adversaire

tu joueras aux jeux de la guerre

dissimulé dans la lumière

mais qui viendra à ton secours

quand tu sortiras de la tour

 

revivre au ras de la poussière

sans espérance ni colère

rempli d’orage et nécessaire

et oublier le vieux hibou

la voix gercée du manitou

la suffisance de la boue

mais qui viendra à ton secours

si ton courage est sans bravoure

 

et puis baiser l’Éthiopie

entre ses cuisses attendries

t’en humecter le cœur aussi

méticuleusement aimer

le pays roux de sa beauté

le privilège d’être humilié

mais qui viendra à ton secours

te délivrer de ton amour

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