04.08.2014
Chien d'écrivain / 2 septembre
cet enfant est un sphinx
la question qu’il pose n’est pas « Pourquoi ? »
mais « Pourquoi pas ? »
pourquoi par exemple ne pas être libre ?
il n’y a aucune raison pour que nous acceptions
ce qui nous est donné comme étant notre dû
la soumission sous toutes ses formes
n’est pas seulement inadmissible
elle est incompréhensible
dès que j’ai su écrire je l’ai fait
je leur ai déclaré la guerre
pourquoi pas ?
j’avais sept ans huit ans
il y a eu cet arrachement
en devenant auteur – l’auteur –
j’ai fait d’eux mes personnages
par quoi j’ai cessé d’être le leur
je les ai emprisonnés dans les filets magiques du dire
et je leur ai filé entre les doigts
on prend toujours les enfants pour des idiots
on leur raconte des histoires
on leur raconte ce qu’on veut
c’est-à-dire n’importe quoi
mais peu importe l’histoire en effet
ce qui compte c’est celui qui la dit
c’est d’être celui-là qui la dit
voilà toute l’astuce
il n’existe pas de position plus forte
que celle résultant de l’acte d’appropriation
de la parole toujours dispensatrice de sens
toujours structure d’univers
la parole est le grand régulateur
des réseaux de significations
qui enserrent notre existence
son appropriation est un acte
dont la portée participe de la puissance du mythe
découvrir et expérimenter passionnément
le pouvoir de la parole
dans et par l’écriture
à un si jeune âge
c’est très fort je trouve
en comparaison tout le reste est d’un incommensurable ennui
enfin
à condition d’avoir compris
13:00 Publié dans La nébuleuse du crabe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poésie québécoise, serge viau, littérature, musique
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